
Hôtellerie au Sénégal : A quand le bout du tunnel ?
18/03/2021L’immobilier de loisirs désigne l’ensemble des activités de gestion et d’exploitation d’établissements affectés aux loisirs de ses occupants. Ces établissements dits d’hébergement touristiques régis par décret ont géneré près de 465,9 milliards CFA en 2015 selon l’ANSD. Contre toute attente, la Covid est venue bouleverser les stratégies et les prévisions en 2020. En 2021, comment se porte le secteur dans cette phase dite post-covid ? Zoom.

DEDE
MAUX DU SECTEUR PRE-COVID
Le Plan stratégique 2014-2018 a révélé à l’époque que le parc hôtelier fait montre de signes de vétusté appelant à des efforts importants de mise à niveau. La station de Saly Portudal constitue, à cet égard, un exemple frappant. Le parc hôtelier est également menacé dans les régions du littoral par le phénomène de l’érosion côtière qui limite l’essor du tourisme balnéaire.
Beaucoup d’hôtels de la station ont perdu une bonne partie de leurs plages et le phénomène touche également le reste du littoral. L’hôtellerie sénégalaise est confrontée à plusieurs difficultés liées notamment au coût élevé des facteurs de production (foncier, taxes aéroportuaires, crédit, eau, électricité, téléphone), à la saisonnalité de l’activité, à la baisse continue des prix du forfait proposé par les agences de voyages émettrices et à la rareté des clients, du fait de la crise économique.
DASDS
UNE ANNEE 2020 CATASTROPHIQUE
La pandémie de la Covid-19 a fortement impacté le secteur touristique, notamment les gérants de réceptifs qui évoquent un bilan catastrophique, avec des pertes estimées à plus de 300 milliards CFA.
Selon les chiffres du Syndicat Patronal de l’Industrie Hôtelier au Sénégal, les arrivées internationales représentent 65 à 70%. Tandis que le tourisme domestique et intra-régional, effectué essentiellement à Saly, ne représentent que 25 à 30% des arrivées touristiques.
Ainsi, estime le syndicat, sur les 1400 entreprises hôtelières et touristiques, des dizaines d’hôtels seulement se sont insuffisamment servis cette année.
DASDS
DES PERTES EN CHIFFRES D’AFFAIRES
Au micro de l’APS, Boubacar Sabaly, directeur de l’Hôtel Les Bougainvilliers de Saly, par ailleurs président du syndicat d’initiative touristique de la région de Thies, indique que “la profession a estimé l’impact à plus de 300 milliards CFA de pertes de chiffres d’affaires, en sus des charges fixes que les entreprises du secteur continuent à supporter. Nous considérons à notre niveau que l’année 2021 est totalement compromise et que, si la situation se prolonge, le désastre est à craindre” , a-t-il signalé.
La profession a estimé l’impact à plus de 300 milliards CFA de pertes de chiffres d’affaires
Boubacar Sabaly, directeur de l’Hôtel Les Bougainvilliers de Saly
Fustigeant la réciprocité de la fermeture des frontières appliquée par le Ministère du tourisme et des transports aériens, Lionel Lopez, propriétaire de l’hôtel Le Cordon Bleu, martèle “qu’un client sénégalais ou expatrié ne remplacera jamais un touriste qui va faire entre une semaine et un mois de séjour. Sur l’impact, il faut dire que ce fut suicidaire quand le ministre du tourisme décide d’appliquer la réciprocité par fierté et dignité (…) parce que l’Union européenne n’a pas autorisé aux Sénégalais de venir. C’est suicidaire car on ne peut pas se contenter du tourisme local, c’est à peine 20 ou 30% du chiffre d’affaires” , a ainsi expliqué Lionel Lopez. Aussi, a-t-il insisté, “les aides de l’Etat sont en réalité des crédits hôteliers remboursables sur 8 ans, avec caution personnelle. Et quant aux exonérations de charges, il n’y a rien, c’est une simple suspension jusqu’en janvier 2022. Pour dire que les hôteliers n’ont reçu aucun cadeau” .
DASDS
SOUTIEN DE L’ETAT
C’est en vue d’éviter la faillite du secteur que les hôteliers ont sollicité le soutien de l’Etat ayant déjà pris dès la première vague des mesures d’accompagnement, en allouant au secteur une ligne de crédit de 15 milliards CFA destinés au maintien des emplois et à la couverture des charges fixes pour 3 mois. De même, les autorités étatiques avaient accordé aux acteurs le report des paiements d’impôts et taxes exigibles, conformément à leur demande.
Saluant un appui financier de l’Etat, Victorine Ndiaye, gérante du campement touristique Nanaay, dit avoir reçu de ce fonds la somme de 3,6 millions CFA. “Cela fait plus de 20 ans que je m’active dans le secteur. J’ai traversé la crise économique de 2008, le virus à Ebola, mais je dois avouer quand même que l’Etat vient à notre à chevet” .
Ce montant, selon elle, non loin de combler son manque à gagner, lui a permis d’assurer, entre autres charges, le paiement des salaires et celui des factures d’électricité et d’eau. “Avec près de 500 nuitées annulées, sans compter les repos et autres activités payantes proposées aux touristes, vous pouvez avoir une idée sur l’ampleur des pertes que j’ai subies cette année à cause de cette pandémie” , explique t-elle. Selon Victorine Ndiaye, malgré ces péripéties notées, le tourisme, notamment l’hôtellerie gérée à 80% par des étrangers, reste encore pour le privé national, “un secteur très rentable à [développer]” .
En décembre 2020, M. Sabaly a révélé “qu’une seconde enveloppe de 50 milliards CFA est prévue par l’Etat pour appuyer davantage les professionnels du tourisme, suite notamment à des concertations permanentes avec les autorités, toujours à l’écoute des acteurs” .
SAS
TYPOLOGIE ET CLASSEMENT DES ETABLISSEMENTS D’HEBERGEMENT TOURISTIQUES AU SENEGAL
TYPOLOGIE | CLASSEMENT |
Hôtels Résidences meublées | 1 ★ 2 ★★ 3 ★★★ 4 ★★★★ 5 ★★★★★ |
Auberges Villages de vacances Campements touristiques Motels Appartements meublés | 1 ★ 2 ★★ 3 ★★★ |
Sources : SPIHS, APS, AML SERVICES